Le “terrible 2” est-il inévitable ?

Publié sur 10min. de lecture

Le « Terrible 2 », que l’on appelle aussi la crise des 2 ans est une période de la vie d’un enfant durant laquelle ce dernier découvre ce que l’on pourrait appeler l’opposition.
Non seulement il découvre donc qu’il peut dire « Non », mais il se rend aussi compte qu’il peut manifester son refus par toutes sortes de réactions, comme les cris, les pleurs et cela ne vaut pas seulement pour les choses très importantes, puisque cela peut aussi concerner la moindre des contrariétés que vous lui imposez.

Au cours de cet article nous allons tenter de comprendre de quoi il retourne plus précisément, avant de nous pencher sur des astuces qui vous permettront de désamorcer au maximum ce type de crises qui, reconnaissons-le, sont relativement déplaisantes à vivre et à traverser pour n’importe quel parent.

Avant de nous lancer dans le vif du sujet, ne prenez pas peur si vous découvrez cette situation dans votre vie de tous les jours et avec votre enfant de 2 ans environ : c’est un passage qui s’avère le plus souvent absolument inévitable et qui va notamment contribuer au développement de votre enfant, en ce qui concerne son caractère et sa personnalité par exemple.

Nous allons essayer de comprendre les tenants et les aboutissants de ce passage de la vie de l’enfant, avec nos yeux et notre sensibilité d’adulte, puis nous nous pencherons sur ce que nous pouvons faire afin de l’aider à la traverser du mieux possible, tant pour lui que pour nous d’ailleurs…

Sur les traces de ce fameux terrible 2…

D’une manière générale, cette période commence à poindre le bout de son nez pointu lorsque l’enfant approche des 18 à 20 mois, et elle peut s’étendre jusqu’à 3 ans voire un peu plus en fonction de l’enfant et de la manière dont vous avez appréhendé la chose aussi…
Considérez qu’il n’y a pas de règle mathématique qui va vous permettre de savoir très exactement quand votre enfant va entrer dans sa phase « Terrible 2 » , et quand il va en sortir, mais rassurez-vous sur 2 points :

  • Lorsqu’il en sortira, vous ne manquerez pas de le remarquer, car c’est flagrant… (et si cela se fait relativement vite une fois le processus enclenché, c’est tout de même graduel…).
  • Votre enfant en sortira tôt ou tard, ne prenez pas peur, vous n’êtes pas condamné à vivre cela pendant des années et des années !

Au cours de cette période dite d’opposition donc, il faut bien cerner l’idée que l’enfant n’est pas dans un profond ou total désaccord avec nous, avec ce que nous lui proposons, avec ce que nous lui disons, il est juste dans un positionnement personnel et individuel qui va lui permettre de s’affirmer en tant qu’être à part entière, qui ne vit pas pour ou seulement au travers de son père ou de sa mère…
C’est en cela que la période est considérée comme fondatrice pour la personnalité du petit être en devenir.

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Il ne faut surtout pas prêter à l’enfant une volonté qu’il n’a pas, et c’est malheureusement l’erreur que nous commettons souvent pour beaucoup d’entre nous lorsque la situation se présente.
Ne perdez pas de vue que nos cerveaux d’adultes ne fonctionnent pas de la même manière que les petits cerveaux tous neufs de nos enfants de 2 ans.
Il ne faut pas imaginer que ces derniers vont peser le pour et le contre, vont envisager au long cours, vont planifier les choses comme un adulte de raison aura tendance à le faire, avec l’expérience et la force de l’expérience accumulée au fil du temps…
L’enfant de 2 ans fait les choses, réalise, réagit et interagit à brûle-pourpoint et de manière extrêmement spontanée, sans filtre, et lorsqu’il a un désir, une envie, il n’est pas armé pour le ou la refouler, repousser, faire patienter, et il va tout simplement l’exprimer, le plus souvent, auprès de vous…

Le but de l’enfant qui dit « Non » ou qui refuse de réaliser ceci ou cela, ce n’est donc pas tant d’affronter votre point de vue ou de braver votre autorité, mais c’est plutôt d’affirmer sa position à lui, car il en a vraiment une et il se rend compte que cela est possible (et parfois même intéressant…) de la faire valoir, y compris au prix de « l’affrontement ».
Ce qu’il faut comprendre de cette façon de s’affirmer ressentie comme un besoin par ce petit bout de chou de 2 ans peu ou prou, c’est qu’il nous signifie tout simplement l’idée (saugrenue ou pas tant que cela au fond ?) qu’il n’est pas nous, et que nous ne sommes pas lui, c’est aussi bête que cela, et n’est-ce pas également légitime de sa part ?

L’idée serait donc, idéalement tout du moins,  d’accepter que l’enfant désire se dissocier de nous-même, de ne pas lui refuser cette différenciation.

Petit garçon de 2 ans qui joue sur un lit d'adulte

Une fois que l’on a bien saisi ce en quoi consistait généralement ce besoin de refuser, de dire « Non », et de s’opposer à ses parents, cette notion de terrible 2 n’est plus appréhendée de la même manière et si l’on comprend bien les principes sur lesquels elle repose, il est très souvent beaucoup plus facile de la gérer.

Quels sont les meilleurs moyens pour gérer ce terrible 2 ?

A présent que nous avons survolé ce sur quoi reposait fondamentalement cette période du terrible 2, nous allons nous pencher sur les manières d’atténuer les difficultés en lien avec ce passage, tout en comprenant bien qu’il ne sera pas question de le faire disparaître purement et simplement.

En tout premier lieu, si vous souhaitez parvenir à adoucir, à aplanir les soucis que vous rencontrerez nécessairement lors de diverses oppositions, il convient d’anticiper ; c’est vous l’adulte, c’est donc vous et non l’enfant lui-même qui devez être capable de pressentir, d’introduire une soupape (psychologique) et de désamorcer…
Anticiper, c’est notamment préparer et surveiller l’environnement par exemple, mais pas seulement bien sûr…

Peut-être que dans un premier temps, avant même la période du « Non » de l’enfant, l’adulte aurait tout intérêt à essayer de trouver des ficelles nuancées pour reprendre l’enfant alors qu’il commence à marcher et à vouloir aller partout, alors qu’il a tendance aussi à vouloir poser ses mains sur tout et à vouloir grimper dans des endroits interdits ou dangereux.

Trop souvent, au cours de cette période qui précède le terrible 2 de l’enfant, c’est l’adulte lui-même qui a une fâcheuse tendance à mettre du « Non » absolument partout et de façon totalement péremptoire, si bien que si l’on regarde les choses sous une certaine perspective, on peut penser que c’est peut-être bien à cette période et en effet miroir à son expérience du « Non », qui est omniprésente, que l’enfant à son tour, va se mettre à exprimer le refus…
Et il le fera alors de façon aussi tranchée et abrupte qu’il l’aura vécu, alors qu’on lui interdisait là de monter sur la table basse, là d’attraper les bibelots de mamans etc.

Notre conseil serait de trouver des moyens plus nuancés de marquer la désapprobation alors que votre enfant commence à faire des choses que vous ne souhaitez pas voir faire… Ou alors de réserver le fameux « Non » à des situations fortes ou très bien marquées (comme lorsqu’il s’agit de respect et de politesse, voire de la sécurité de l’enfant, etc.), et si possible tâcher d’accompagner cela par une petite explication de sorte que les 3 lettres ne campent pas le rôle d’une barrière d’absolu et d’abstraction.

Ne nous racontons pas d’histoires non plus, nous sommes entre adultes et nous ne voudrions pas vous laissez penser que nous imaginons une seconde que vous allez pouvoir éviter toutes les oppositions grâce à cette fameuse anticipation dont nous venons de vous causer lors du paragraphe précédent…

Afin de vous aider à désamorcer certaines oppositions, nous allons donc à présent vous livrer quelques astuces qui vous seront très utiles au jour le jour et que vous pourrez répéter chez vous lorsque la situation se présentera.

Jeune garçon qui boude sur son vélo, dans une aire de jeux pour enfants.

Si vous connaissez des situations de blocage ou d’opposition qui semblent devenir des habitudes prises par votre enfant, essayez d’établir des sortes de petites routines…

Plutôt que de vous heurtez à un refus catégorique et systématique de votre enfant lorsque vous lui demandez de mettre son manteau par exemple, avant de sortir, et bien coupez court et plutôt que de passer par un « Mets ton manteau s’il te plaît… » instaurez un raccourci du genre « Allez, en voiture, zou, le manteau et c’est parti ! »…

Ce genre de façon de ne pas appuyer précisément sur le point de blocage de l’enfant, de rendre les choses plus ou moins automatiques peut permettre de faire passer la chose en la rendant presque insignifiante, c’est un peu l’idée de faire passer un aliment que l’on aime pas trop avec une bonne grosse rasade d’eau !

La clef c’est d’amener l’enfant à ne pas se poser trop de question, et à intégrer le mouvement plutôt que l’ordre et ça passe tout seul !

Attention, créer des routines de la sorte, ce n’est pas non plus caricaturer la communication et la réduire nécessairement à sa plus maigre expression… Il ne s’agit pas de ne plus faire de phrases construites, même si, à l’inverse, les grandes théories alambiquées tressées sur un canevas de belles phrases structurées comme des paragraphes de Proust, ne sont pas plus efficaces pour parvenir à ses fins.

Créer des routines, c’est faire envisager à l’enfant certaines associations comme « Sortir → S’habiller » , « Froid → Manteau et Bonnet », etc…

Si pour quelque raison que ce soit, vous souhaitez interdire quelque chose à votre enfant (pour sa sécurité etc. par exemple), nous l’avons déjà évoqué rapidement plus haut, mais il va être important de lui faire comprendre le pourquoi du comment, plutôt que de simplement signifier l’interdit et ne pas en discuter outre mesure…
Il est primordial que votre enfant sache pourquoi telle ou telle chose est impossible ou lui est interdite ; expliquez-lui tout simplement votre façon de voir les choses, comme la dangerosité de tel ou tel objet par exemple.

L’idée dans ce cadre précis, c’est de pousser l’enfant à mener une réflexion par lui-même, et pour ce faire, vous allez l’induire avec l’explication que vous allez lui donner.
L’enfant n’a certainement pas envie de se brûler, de se couper, de se faire écraser une main, un pied, ou ce genre de choses, alors pour peu que vous preniez le temps de lui expliquer que cela pourrait bien arriver s’il devait outrepasser vos préconisations (voire votre ordre…), il y a infiniment moins de chance pour qu’il continue de se positionner de façon abrupte en opposition à votre point de vue d’autorité.
Vous pourrez parfois lui faire une démonstration de la dangerosité de la chose, si cela est nécessaire, et quoi qu’il en soit, tâchez de bien lui faire comprendre que ce n’ est pas votre seule volonté qui vous dicte de lui refuser ceci ou cela, mais votre bon sens et votre envie de ne pas le voir se blesser ; ce sont des choses qu’un enfant peut tout à fait comprendre et qui ont un effet souvent décisif une fois qu’il aura eu une réflexion sur le sujet.

Encore une fois, ne pensez pas qu’un enfant pense comme un adulte, à la même vitesse et avec les mêmes strates et ricochets, laissez le temps à l’enfant de se faire son idée, sa trajectoire de pensée, et livrez-lui seulement les vecteurs, les directions, les axes sur lesquels il pourra cheminer pour finalement y parvenir. Pour finir sur cet aspect et tuyau très important, il faut savoir qu’une fois que l’enfant aura défini par lui-même la limite que vous souhaitiez lui imposer, et qu’il aura fixé la barrière de la dangerosité en y ayant pensé et en ayant exploré ce qu’elle pouvait  figurer, et bien il en retirera un contentement, une satisfaction personnelle (et une maturité…) bien plus épanouissante que s’il s’était seulement contenté de vous obéir au doigt et à l’œil.

Par ailleurs, si vous souhaitez que le terrible 2 ne s’étire pas sur une durée trop longue, qui va finir par vous paraître interminable avec les mois qui s’additionnent, nous ne saurions trop vous conseiller d’opter le plus souvent possible pour cette façon d’aborder les choses. A force de comprendre, d’analyser par lui-même, de réfléchir sur les sujets, la somme de cette maturité induite va aider votre enfant à sortir de la période et très bientôt, cette fâcheuse mais inévitable crise d’opposition des 2 ans ne sera qu’un « mauvais » souvenir, et vous pourrez même, avec le recul, vous surprendre à l’évoquer avec un certain brin de mélancolie, à mesure que vous verrez pousser autour de vous vos si charmantes petites têtes brunes, rousses ou blondes !

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