La Wolf, récit d’une jeunesse écorchée, chronique d’une renaissance

Publié sur 3min. de lecture

Il y a dans La Wolf un souffle rare. Celui d’une parole enfin rendue à elle-même. Éric Wolfer, ancien enfant placé, aujourd’hui adulte apaisé, retrace dans ce récit autobiographique une trajectoire que les institutions avaient condamnée d’avance. Mais contre toute attente — et contre presque tout le monde — il s’est tenu debout. Et aujourd’hui, il raconte.

Le livre s’ouvre sur un départ brutal : celui d’un adolescent arraché à sa famille et conduit en centre éducatif fermé. Ce moment, qui pourrait être le début d’une chute définitive, devient le point d’ancrage d’un récit de survie. Avec une langue simple, directe, mais profondément incarnée, Wolfer plonge dans ses souvenirs d’enfance, d’abord flous, puis de plus en plus précis à mesure que la mémoire se déplie : l’ambivalence d’une mère aimante mais étouffante, les silences du père, l’échec scolaire, les colères, les nuits pleines d’angoisse.

La Wolf : Un livre profondément humain

Ce qui frappe, c’est la densité humaine de ces pages. L’auteur ne cherche pas à édifier une légende personnelle. Il ne dramatise rien. Il expose. Il confie. Il nomme. Et cela suffit à bouleverser. Car derrière les mots, c’est une génération entière que l’on devine : celle des enfants désignés comme « difficiles », que l’on place, déplace, dont on tente de redresser la trajectoire sans jamais vraiment les écouter.

Mais La Wolf n’est pas seulement un récit de désespoir. C’est aussi — et peut-être surtout — une histoire de réparation. Le sport, pour Éric Wolfer, devient une langue. Une grammaire du corps qui le reconnecte au monde, qui le structure. On le suit dans les vestiaires, sur les terrains, dans les clubs amateurs puis professionnels, jusqu’à l’équipe de France et aux Jeux olympiques. Ce n’est pas tant la gloire qui est racontée que l’effort, la persévérance, la rage canalisée.

Mélodie Ducoeur, la plume délicate qui transcrit les mots d’Éric Wolfer

À ses côtés, la plume de Mélodie Ducoeur structure ce flot de mémoire sans jamais le trahir. Le texte garde sa force brute, sa respiration propre, mais il gagne en clarté, en rythme, en cohérence. C’est un véritable travail d’écoute et d’ajustement, au service de la voix de l’auteur.

La Wolf est un livre utile. Pas dans un sens moral ou didactique, mais dans sa capacité à transmettre l’expérience d’un vécu marginalisé, à mettre des mots sur ce qui, souvent, n’a pas le droit d’en avoir. Il peut être lu comme un témoignage sociologique, comme un outil pédagogique, mais il touche surtout par ce qu’il est : une histoire vraie, racontée avec honnêteté, avec tendresse parfois, avec courage toujours.

C’est un récit qui répare. Qui relie. Et qui, dans le silence qu’il brise, nous rappelle combien la littérature peut encore, à sa manière, faire œuvre de justice.

Disponible aux éditions plumes de coeur.

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